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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/392

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respecter, dans une certaine mesure, la trêve de l’Exposition.

— C’est égal, reprit Chassons des Aigues, nous avons bien cogné, à la Cascade. J’ai, pour ma part, asséné un coup de poing au citoyen Bissolo, qui lui a renfoncé la tête dans sa bosse. Je le voyais par terre : on aurait dit une tortue… Et « Vive l’armée ! mort aux Juifs ! »

— Sans doute, sans doute, dit gravement Henri Léon ; mais « Vive l’armée ! » et « mort aux juifs ! » c’est un peu fin… pour les foules. C’est, si j’ose dire, trop littéraire, trop classique, et ce n’est pas assez révolutionnaire. « Vive l’armée ! » c’est beau, c’est noble, c’est régulier, c’est froid… Mais oui, c’est froid. Et puis, voulez-vous que je vous dise, il n’y a qu’un moyen, un seul, d’emballer la foule : la panique. Croyez-moi, on ne fait courir une masse d’hommes sans armes qu’en leur mettant la peur au ventre. Il fallait courir en criant… que