Aller au contenu

Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dentelles qui avaient appartenu à Marie-Antoinette.

— Mademoiselle Lalouette avait d’excellentes manières, reprit M. Bergeret. Elle parlait bien. Elle avait gardé la vieille prononciation. Elle disait : un segret ; un fi, une do. Par elle j’ai touché au règne de Louis XVI. Notre mère nous appelait aussi pour dire bonjour à M. Mathalène, qui n’était pas aussi vieux que mademoiselle Lalouette, mais qui avait un visage horrible. Jamais âme plus douce ne se montra dans une forme plus hideuse. C’était un prêtre interdit, que mon père avait rencontré en 1848 dans les clubs et qu’il estimait pour ses opinions républicaines. Plus pauvre que mademoiselle Lalouette, il se privait de nourriture pour faire imprimer, comme elle, des brochures. Les siennes étaient destinées à prouver que le soleil et la lune tournent autour de la terre et ne sont pas en réalité plus grands qu’un fromage. C’était précisé-