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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/83

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— Tu es bonne, Zoé.

Et mademoiselle Zoé répondit :

— Notre père et notre mère étaient bons tous deux.

M. Bergeret voulut l’embrasser une seconde fois. Mais elle lui dit :

— Tu vas me décoiffer, Lucien, j’ai horreur de cela.

Et M. Bergeret regardant par la fenêtre, étendit le bras :

— Tu vois, Zoé : à droite, à la place de ces vilains bâtiments, était la Pépinière. Là, m’ont dit nos aînés, des allées couraient en labyrinthe parmi des arbustes, entre des treillages peints en vert. Notre père s’y promenait, dans sa jeunesse. Il lisait la philosophie de Kant et les romans de George Sand sur un banc, derrière la statue de Velléda. Velléda rêveuse, les bras joints sur sa faucille mystique, croisait ses jambes, admirées d’une jeunesse généreuse. Les étudiants s’entretenaient, à ses pieds, d’amour, de jus-