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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/9

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core sur la face glabre de nos maîtres d’hôtel. Nous tenons au passé par des racines profondes. Mais je n’ai pas faim, je suis petit mangeur. Et de cela encore Angélique Borniche, cette femme primitive, me fait un grief. Elle m’estimerait davantage si j’avais l’appétit d’un Atride ou d’un Bourbon.

M. Bergeret en était à cet endroit de ses réflexions, quand Riquet, se levant de dessus son coussin, alla aboyer devant la porte.

Cette action était remarquable parce qu’elle était singulière. Cet animal ne quittait jamais son coussin avant que son maître se fût levé de sa chaise.

Riquet aboyait depuis quelques instants lorsque la vieille Angélique, montrant par la porte entr’ouverte un visage bouleversé, annonça que « ces demoiselles » étaient arrivées. M. Bergeret comprit qu’elle parlait de Zoé, sa sœur, et de sa fille Pauline qu’il n’attendait pas si tôt. Mais il savait que