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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/142

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Onésime Dupont obéit en silence et prit la place qui lui était assignée. Son père alla se promener, confiant dans son fils, car il estimait que bon sang ne saurait mentir, et satisfait d’avoir changé un bousingot en marchand de porcelaines. Onésime demeuré seul, étudia les tarifs. Il était enclin à faire son devoir et à donner de l’attention à toutes les affaires dont il s’occupait. Il se livrait à cette étude depuis une demi-heure, quand survint M. Joseph Peignot, marchand de porcelaines à Dijon. C’était un homme jovial et le meilleur client de la maison Dupont.

« Vous ici, monsieur Onésime ! Quoi ! vous n’êtes point sur le boulevard à faire le gandin, avec votre bel habit bleu à boutons d’or ! Les jolies filles des Bains chinois doivent être bien tristes de votre absence. Mais vous avez raison, il y a temps pour le plaisir et temps pour les affaires sérieuses… Je venais voir votre père.

— Je le remplace.

— J’en suis heureux. C’est un ami à moi. Voilà dix ans que je fais des affaires avec lui. J’espère en faire dix ans et plus avec vous. Vous lui ressemblez. Mais vous ressemblez beaucoup plus à votre mère. Ce n’est pas un mauvais