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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/172

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POLYPHILE


Je ne vous reprocherai point d’opposer les sciences aux religions. Mais, s’il y faut regarder de près, Dryas, que sont les religions, je vous prie, que sont-elles, sinon de très vieilles sciences, des astrologies, des arithmétiques, des météorologies, des médecines usées, déformées, obscurcies, des ordonnances de très antique et très lointaine police, des recettes brouillées de cuisine et d’hygiène, des maximes d’agriculture primitive et de civilité sauvage ? Les notions positives et les pratiques rationnelles deviennent, avec l’âge qui les rend étranges et mystérieuses, les dogmes de la foi et les cérémonies du culte.

Notre science produira aussi des superstitions. On n’en sortira pas. L’intelligence est en horreur à la nature humaine. Des religions naissent sous nos yeux. Le spiritisme élabore en ce moment ses dogmes et sa morale. Il a ses pratiques, ses conciles, ses pères et des millions d’adhérents. Or les spirites fondent leur croyance sur la chimie telle qu’elle a été créée par Lavoisier ; ils se flattent d’avoir les idées les