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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/192

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la malice du siècle et aux périls du monde une créature si précieuse, il la conduisit dans son abbaye, et là il lui fit prendre le voile des vierges chrétiennes. Comme beaucoup d’autres saints de cet âge, Longis avait la volonté soudaine et forte. Dans l’ardeur de son zèle, il n’avait songé ni à consulter ni même à avertir les parents d’Onoflette.

Ceux-ci s’en montrèrent fort irrités, et ils accusèrent Longis d’avoir séduit leur fille, demeurée pure et honnête jusque-là, et d’entretenir avec elle, dans son abbaye, des relations coupables. Ils jugeaient la conduite du saint selon les apparences et avec les seules lumières de la raison. Et, sous ce jour, il faut reconnaître que la manière d’agir de Longis pouvait sembler suspecte. Aussi l’accusation portée par eux fut-elle soutenue par leurs voisins et par leurs amis. Une vive indignation s’éleva dans tout le pays contre l’abbé. Longis était à deux doigts de sa perte. Mais il ne désespéra pas ; d’ailleurs, il avait pour lui le témoignage d’Onoflette elle-même, qui, loin de lui rien reprocher, se portait garante de l’innocence de son pieux maître et lui rendait grâces de l’avoir conduite dans les voies du salut. Il alla avec elle à Paris pour