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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/202

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comment saint Adjutor, qui passa de ce monde à l’autre le jour même de son retour à Vernon, put jeter ses chaînes dans le fleuve pour combler le gouffre. Cette difficulté n’est qu’apparente. Le saint revint sur terre pour opérer ce miracle.

Voulez-vous à la fois de plus fraîches promenades et de moins vieux souvenirs ? Traversons la petite ville, ce sera fait en cinq minutes, et allons nous asseoir sous les grands arbres taillés en muraille du parc de Bizi. C’est un héros qui les planta. Le maréchal de Belle-Isle, qui avait hérité la magnificence de Fouquet, son grand-père, créa dans ses courts loisirs le parc de Bizi. « Quand il n’était pas à Metz, dit Barbier, il était dans sa terre, près de Vernon, dirigeant une armée de terrassiers, de maçons, de jardiniers et de décorateurs. » On ne lui enviera pas son fastueux repos si l’on songe à ses fatigues. Qu’on relise cette retraite de Prague, quand le maréchal, investi par l’ennemi, sortit de la place avec quinze mille hommes qu’il réussit à rendre, pour ainsi dire, invisibles, et qu’il conduisit à Egra, en sept journées de l’hiver le plus rigoureux. Officiers et soldats, roulés dans leur manteau, couchaient sur la neige.