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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/206

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matin, par une nuit noire et pluvieuse, à une lieue en avant de la ville. Aussitôt les troupes descendirent et se portèrent sur les hauteurs de la forêt de Bizi, qui couvrent Vernon du côté de Pacy, où l’ennemi était arrivé en force depuis la veille.

Le lieutenant-colonel Thomas se fit guider dans la forêt par des habitants. Il borda toutes les avenues de tirailleurs placés dans les fourrés avec défense d’ouvrir le feu sans ordre. Son intention était de laisser les Prussiens franchir le bois, afin de les dominer ensuite et de les cerner dans Vernon. Toutes les mesures étaient prises quand, au point du jour, un grand roulement de voitures et des sonneries de trompettes annoncèrent l’arrivée des ennemis. Leur passage dura près d’une heure. Quand leur tête de colonne arriva dans la ville, elle fut reçue à coups de fusil par des gardes nationaux. Cet accueil leur donna de l’inquiétude ; un détachement seul fit son entrée, la plus grande partie de leurs forces resta formée en dehors.

Ayant pris des renseignements, ils surent bientôt, par des espions, que les Français occupaient la forêt. Alors, comprenant ce que leur position avait de critique, ils ne songèrent plus