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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/208

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Malgré la soudaineté de l’attaque et le nombre des ennemis, les mobiles firent bonne contenance. Mais, s’apercevant que la position allait être tournée, ils battirent en retraite jusqu’à la lisière du bois. Là, s’abritant derrière les terrassements de la voie ferrée, ils tiraillèrent jusqu’à l’épuisement complet de leurs munitions. Alors le capitaine Rouveure s’écrie : « À la baïonnette, mes enfants ! » Et il s’élance en avant. Aussitôt il tombe mortellement frappé. La petite troupe se jette sur l’ennemi, qui recule. À ce moment, deux bataillons de renfort arrivent et, masqués par les bois, font sur les Allemands de vigoureuses décharges. Ceux-ci mettent en batterie plusieurs pièces de campagne. Mais, vers quatre heures, ils battent en retraite, laissant deux cents morts sur le terrain. Les mobiles avaient eu huit hommes tués et vingt blessés. Le corps du capitaine Rouveure était resté aux mains des Allemands, qui lui rendirent les derniers honneurs. Un détachement de cavalerie, commandé par un officier supérieur, rapporta ses restes dans un cercueil couronné de lauriers.

À la nouvelle de la capitulation de Rouen, les mobiles de l’Ardèche reçurent l’ordre de quitter la ville de Vernon qu’ils avaient si géné-