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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/266

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subitement à Pessinonte, dans le sanctuaire relevé et rendu aux mystères antiques, elle achèverait sans trop de surprise, au pied de la Bonne Déesse, l’oraison commencée devant la Sainte Vierge. Il faut tout dire : la véritable Vierge noire de Liesse fut brûlée en 1793, et celle qui la remplace n’est, à mon gré, ni assez naïve ni assez antique. On assure qu’un peu du bois de l’ancienne, tiré du feu, a été retrouvé et mis dans la nouvelle, et les dévots peuvent en recevoir quelque consolation, car ils estiment ce bois plus excellent que celui de l’arche de Noé. Mais qui rendra la petite idole vêtue d’un abat-jour à ceux qui estiment, avec l’évêque Synésius, que toutes les antiquités sont vénérables ?

C’est au fond de l’église, à gauche, dans la sacristie bâtie sous Louis XIII, qu’est le trésor, aujourd’hui bien appauvri, de Notre-Dame-de-Liesse : des cœurs en vermeil, des montres avec la chaîne, de ces grosses montres d’argent qu’on appelle oignons, une pendule à sujet, des bâtons et des béquilles, quelques vieilles croix d’honneur, un hausse-col de capitaine, deux paires d’épaulettes.

J’ai découvert dans un coin de la sacristie,