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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/268

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Nicole, qui donnait tous les signes de la possession, fut conduite à Liesse et y éprouva un grand soulagement. Mais son entière délivrance, assure le chanoine Villette, qui florissait à la fin du XVIIe siècle, ne fut achevée que plus tard, dans l’église cathédrale de Laon, par les soins de l’évêque. Belzébuth parut aux yeux de Monseigneur et lui fit un aveu qui dut lui coûter :

« La Vierge Marie, lui dit-il en confidence, vient de m’enlever le secours de vingt-six de mes compagnons en les faisant sortir du corps de cette femme. »

Notre-Dame de Liesse rendit au sire de Couci ses deux enfants qui étaient perdus. C’est elle qui, invoquée par un larron qu’on pendait, vint, de ses bras qui avaient porté Jésus, soutenir le malheureux pendant les trois jours qu’il demeura attaché à la potence. Mais je crois bien me rappeler que ce miracle, mis en rimes par les trouvères, est également attribué à Notre-Dame de Chartres. La Vierge de Liesse faisait évader les prisonniers et mettait volontiers son pouvoir à s’opposer à l’exécution des arrêts de justice. Je ne l’en blâme pas ; je l’en loue, tout au contraire, tenant la grâce meilleure que la