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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/315

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et l’on entend des voix qui parlent une langue inconnue aux chrétiens. On a fouillé les Bossenno. Un archéologue anglais, M. Miln, y a porté la pioche, et il a découvert, en effet, des murs portant encore des traces d’incendie. Mais ce ne sont pas les murs d’un monastère. Les Bossenno recouvrent une villa gallo-romaine qui était établie là, au bout du monde connu, avec ses murs de pierre et de brique, ses chambres peintes de vives couleurs, sa métairie, ses bains et son temple, telle enfin que Columelle décrit une villa romaine. L’art de Pompéi se retrouve sur ces enduits de stuc, où sont tracées des grecques et des guirlandes, et sur ces caissons incrustés de coquillages.

Aux premiers siècles de l’ère chrétienne, les Latins, comme aujourd’hui les Anglais, transportaient leur civilisation sur tous les points du monde connu. Ils portaient avec eux leurs lares et leurs pénates. On a trouvé dans le sacellum de la villa les figurines de terre cuite qui y avaient été mises par des mains pieuses. Ce sont des Vénus Anadyomènes et des Déesses-Mères. Celles-ci, vêtues d’une longue tunique, assises dans un grand fauteuil d’osier et tenant un petit enfant entre leurs bras, ressemblent beaucoup