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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/57

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songe : « Une fleur, cela doit sentir bon ! » Et elle approche de son nez la boule fleurie. Elle essaie de sentir, mais elle ne sent rien. Elle n’est pas bien habile à respirer les parfums : il y a peu de temps encore, elle soufflait sur les roses au lieu de les respirer. Il ne faut pas se moquer d’elle pour cela : on ne peut tout apprendre à la fois. On apprend d’abord à boire du lait. On n’apprend que plus tard à respirer des fleurs : c’est moins utile. D’ailleurs, aurait-elle, comme sa maman, l’odorat subtil, elle ne sentirait rien. La fleur d’hortensia n’a pas d’odeur. C’est pourquoi elle lasse malgré sa beauté. Mais Mlle Marie est ingénieuse. Elle se prend à songer : « Cette fleur, elle est peut-être en sucre. » Alors elle ouvre la bouche toute grande et va porter la fleur à ses lèvres… Un cri retentit : Ouap !

C’est le petit chien Toto qui, s’élançant par dessus une bordure de géraniums, vient se poser, les oreilles toutes droites, devant Mlle Marie, et darde sur elle le regard de ses yeux vifs et ronds. La nourrice, qui veille cachée derrière les arbres, l’a envoyé. Et Mlle Marie reste stupéfaite.