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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/82

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tenir de cailloux la poche dorsale qu’il m’avait établie.

Suffisamment caillouté, je donnai des coups de poing ; on m’en rendit, que je ne gardai pas. Après quoi on me laissa tranquille. Mais, le dimanche suivant, la bataille recommença. Et tant que je portai cette funeste tunique, je fus vexé de toutes sortes de façons et vécus perpétuellement avec du sable dans le cou.

C’était odieux. Pour achever ma disgrâce, notre surveillant, le jeune abbé Simler, loin de me soutenir dans cet orage, m’abandonna sans pitié. Jusque-là, distinguant la douceur de mon caractère et la gravité précoce de mes pensées, il m’avait admis, avec quelques bons élèves, à des conversations dont je goûtais le charme et sentais le prix. J’étais de ceux à qui l’abbé Simler, pendant les récréations plus longues du dimanche, vantait les grandeurs du sacerdoce et même exposait les cas difficiles où l’officiant pouvait se trouver dans la célébration des mystères.

L’abbé Simler traitait ces sujets avec une gravité qui me remplissait de joie. Un dimanche, tout en se promenant à pas lents dans la cour, il commença l’histoire du prêtre qui