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Page:Anatole France - Poésies.djvu/151

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n éperon.

Comme l'outre d'eau fraîche occupait le patron,

Je suis venu. Je pars : avec l'aile des voiles,

Gagnant la haute mer au retour des étoiles,

Sous leur chœur révéré qui me protégera,

Je vais vendre à Pœstum les vins noirs de Théra.

DAPHNE.

Oh ! ne me quitte pas encor : cette heure est belle.
Reste : la mer est vaste et l'absence est cruelle.

HIPPIAS.

Je venais, j'espérais, de ce sentier obscur,

Voir ta porte et ton ombre un moment sur le mur.
Mais bientôt, au retour de ma route prospère,
Je reviendrai m'asseoir au foyer de ton père,
Je boirai dans sa coupe, afin que le vieillard,
Ainsi qu'il l'a promis, me laisse sans retard
T'emmener sur ma nef de myrtes couronnée,
Vers mon toit où luiront les torches d'hyménée.
O coupes, ô chansons, ô fleurs ! Vienne ce jour !
Car j'ai connu par toi l'inévitable amour
Et je sais qu'une main de vierge est prompte et sûre
A faire au cœur d'un homme une douce blessure.
J'aime. On dit que l'amour est un mal : je le sais
Et j'aime. Le tourment m'est cher que tu