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Page:Anatole France - Poésies.djvu/32

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LES POÈMES DORÉS

LES SAPINS


On entend l’Océan heurter les promontoires ;
De lunaires clartés blêmissent le ravin
Où l’homme perdu, seul, épars, se cherche en vain ;
Le vent du nord, sonnant dans les frondaisons noires,
Sur les choses sans forme épand l’effroi divin.

Paisibles habitants aux lentes destinées,
Les grands sapins, pleins d’ombre et d’agrestes senteurs,
De leurs sommets aigus couronnent les hauteurs ;
Leurs branches, sans fléchir, vers le gouffre inclinées,
Tristes, semblent porter d’iniques pesanteurs.