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Page:Anatole France - Poésies.djvu/52

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LES POÈMES DORÉS


De longtemps ne sera troublé
Le silence de l’île sainte :
Dans le fleuve dont elle est ceinte
Le dos des ponts s’est écroulé.

N’est-ce pas là le berceau rude
De la grande et belle cité,
Qui plus tard avec volupté
S’assit dans cette solitude ?

Mais la terre avare a repris
Les pierres des quais et des rues,
Et les demeures disparues
Gisent sous les tertres fleuris.

Au sud de l’île, une colline
Couronne d’un amas confus
De murs, de chapiteaux, de fûts,
Ses flancs où le thuya s’incline.

Les marais coassent, le soir.
Vers l’ouest, loin dans la plaine verte,
Une porte se dresse ouverte
Sur le ciel pluvieux et noir.