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VÉNUS, ÉTOILE DU SOIR


Ces princes, nos égaux, recherchent-ils les causes,
La raison et la fin, la nature des choses ?
Quels désirs, quels espoirs gonflent leurs cœurs puissants ?
Ont-ils, promptes sans cesse à verser les dictames,
Des mères et des sœurs belles comme nos femmes,
Triomphe de la vie et délices des sens ?

Oh ! les meilleurs d’entre eux, dans la nuit solitaire,
Levant leur front blanchi d’un reflet de la terre,
Ont souvent médité les travaux de nos jours.
Connaître pour aimer, tel est la loi de l’être ;
Et, dans leur mâle ardeur d’étreindre et de connaître,
Ils ont jusqu’à la terre étendu leurs amours.

L’esprit cherche l’esprit dans l’étoile prochaine ;
Et, jetant dans l’espace une mystique chaîne,
Eux en nous, nous en eux, nous nous glorifions.
Tant il est naturel de sortir de soi-même,
Tant nous portons au cœur le besoin qu’on nous aime,
Tant notre âme de feu jette loin ses rayons.


1872