Aller au contenu

Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une religion si farouche n’est pas une religion, mais plutôt une abligion et non plus un lien qui unit les hommes pieux, mais le tranchant de ce lien sacré. C’est une impiété et la plus grande de toutes. Car, peut-on faire un plus cruel outrage à la divinité que de l’adorer sous une forme particulière et de la vouer en même temps à l’exécration sous toutes les autres formes qu’elle revêt au regard des hommes ?

» Quoi ! sacrifiant à Jupiter qui porte un boisseau sur la tête, j’interdirais à un homme étranger de sacrifier à Jupiter dont la chevelure, semblable à la fleur d’hyacinthe, descend nue sur ses épaules ; et je me croirais encore adorateur de Jupiter, impie que je serais ! Non ! non ! l’homme religieux, lié aux dieux immortels, est également lié à tous les hommes par la religion qui embrasse la terre avec le ciel. Exécrable erreur des Juifs qui se croient pieux en n’adorant que leur Dieu !