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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/130

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La foule commençait à rire et à se moquer de ces paroles obscures. Mais le Juif, d’une voix creuse, prophétisait. Il annonçait une grande colère et le feu destructeur qui consumerait le monde.

— Et ces choses arriveront moi vivant, criait-il, et je les verrai de mes yeux. L’heure est venue de nous réveiller du sommeil. La nuit est passée, le jour approche. Les saints seront ravis au ciel et ceux qui n’auront pas cru en Jésus crucifié périront.

Puis, promettant la résurrection des corps, il invoqua Anastasis, au milieu des moqueries de la foule hilare.

À ce moment un homme aux robustes poumons, le boulanger Milon, membre du Sénat de Corinthe, qui depuis quelques instants écoutait le Juif avec impatience, s’approcha de lui, le tira par le bras et le secouant rudement :

— Cesse, misérable, lui dit-il, cesse de débiter ces paroles vaines. Tout cela n’est