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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/160

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Romain, Gallion, frère de Sénèque, l’ornement et la lumière de son siècle. Il s’inquiète de l’avenir, il s’efforce de reconnaître le mouvement qui emporte le monde, il recherche les destinées de l’Empire et des dieux. A ce moment, par une fortune unique, il rencontre saint Paul ; l’avenir qu’il cherche passe devant lui et il ne le reconnaît pas. Quel exemple de l’aveuglement qui frappe, devant une révélation inattendue, les esprits les plus éclairés et les intelligences les plus pénétrantes !

— Je vous prie de remarquer, cher ami, répondit Nicole Langelier, qu’il n’était pas bien facile à Gallion de converser avec saint Paul. On ne voit pas comment ils auraient pu échanger des idées. Saint Paul avait du mal à s’exprimer, et c’est à grand’peine qu’il se faisait entendre des gens qui vivaient et pensaient à peu près comme lui. Il n’avait jamais adressé la parole à un homme cultivé. Il n’était nullement préparé à conduire sa