Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/166

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J’imagine que la conversation, si elle s’était engagée entre saint Paul et Gallion, aurait fini à peu près comme le dialogue du derviche et du général Desaix.

— Encore est-il vrai, objecta Joséphin Leclerc, qu’entre l’apôtre saint Paul et le derviche du général Desaix il y a tout au moins cette différence que le derviche n’a pas imposé sa foi à l’Europe. Et vous conviendrez que l’honorable sous-secrétaire d’État aux colonies de Sa Majesté Britannique n’a pas rencontré sans doute le marabout qui donnera son nom à la plus vaste église de Londres ; vous conviendrez que notre gouverneur civil de l’Algérie ne s’est pas trouvé en présence du fondateur d’une religion que croira et professera un jour la majorité des Français. Ces fonctionnaires n’ont pas vu l’avenir se dresser devant eux sous une forme humaine. Le proconsul d’Achaïe l’a vu.

— Il n’en était pas moins impossible à