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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/233

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il n’y réussira pas de si tôt. Il faudra du temps pour apprendre à la Chine qu’il y a une Chine. Car elle ne le sait pas, et tant qu’elle ne le saura pas, il n’y aura pas de Chine. Un peuple n’existe que par le sentiment qu’il a de son existence. Il y a trois cent cinquante millions de Chinois ; mais ils ne le savent pas. Tant qu’ils ne se seront pas comptés ils ne compteront pas. Ils n’existeront pas, même par le nombre. « Numérotez-vous ! » C’est le premier ordre que donne le sergent instructeur à ses hommes. Et il leur enseigne en même temps le principe des sociétés. Mais il faut beaucoup de temps à trois cent cinquante millions d’hommes pour se numéroter. Toutefois Ular, qui est un Européen extraordinaire, puisqu’il croit qu’il faut être humain et juste à l’égard des Chinois, nous annonce qu’un grand mouvement national s’accomplit dans toutes les provinces de l’immense empire.