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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/240

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M. Goubin fit cette interruption :

— Et l’Angleterre ?

— L’Angleterre est moins un peuple qu’une race. Les Anglo-Saxons n’ont de patrie que la mer. Et cette Angleterre, qu’on croit riche de ses vastes domaines, doit sa fortune et sa puissance à son commerce. Ce ne sont pas ses colonies qu’il faut lui envier ; ce sont ses marchands, auteurs de ses biens. Et croyez-vous que le Transvaal, par exemple, soit pour elle une si bonne affaire ? Cependant on conçoit que, dans l’état actuel du monde, des peuples qui font beaucoup d’enfants et fabriquent beaucoup de produits, cherchent au loin des territoires ou des marchés et s’en assurent la possession par ruse et violence. Mais nous ! mais notre peuple économe, attentif à n’avoir d’enfants que ce que la terre natale en peut facilement porter, qui produit modérément, et ne court pas volontiers les aventures lointaines ; mais la France qui ne sort guère de son jardin,