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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/266

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du tout l’air farouche, je les regardai avec effroi. Ils me paraissaient plus étrangers qu’aucun des innombrables inconnus que j’avais jusque-là rencontrés sur la terre. Pour ne plus voir un visage humain, je m’engageai dans une ruelle déserte. Et bientôt j’atteignis un rond-point planté de mâts où flottaient des oriflammes rouges, portant ces mots en lettres d’or : FÉDÉRATION EUROPÉENNE. Des affiches étaient suspendues au pied de ces mâts dans de grands cadres ornés d’emblèmes pacifiques. C’était des avis relatifs à des fêtes populaires, à des prescriptions légales, à des travaux d’intérêt public.

Il y avait aussi des horaires de ballons et une carte des courants atmosphériques dressée le 28 juin de l’an 220 de la fédération des peuples. Tous ces textes étaient imprimés en caractères nouveaux et dans un langage dont je ne comprenais pas tous les mots. Tandis que j’essayais de les déchiffrer, les ombres des innombrables machines