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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/313

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— Quoi ! m’écriai-je, vous ne vivez pas en famille ?

Ma surprise, que j’avais laissé voir, parut comique à la camarade Chéron.

— Nous savons en effet, me dit-elle, que le mariage subsiste chez les Cafres. Nous, les Européennes, nous ne faisons point de promesses ; ou si nous en faisons, la loi l’ignore. Nous estimons que la destinée entière d’un être humain ne saurait dépendre d’un mot. Il subsiste pourtant un reste des coutumes de l’ère close. Quand une femme se donne, elle jure fidélité sur les cornes de la lune. En réalité, ni l’homme ni la femme ne prennent d’engagement. Et il n’est pas rare que leur union dure autant que la vie. Ils ne voudraient ni l’un ni l’autre être l’objet d’une fidélité gardée au serment et non pas assurée par des convenances physiques et morales. Nous ne devons rien à personne. Un homme autrefois persuadait à une femme qu’elle lui appartenait. Nous