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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/325

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m’avertit que je trouverais un logis dans le voisinage et que Chéron m’y conduirait en rentrant chez elle.

La nuit était éclairée par une lumière d’opale, pénétrante en même temps et douce. Le feuillage en recevait l’éclat de l’émail. Je marchais à côté de Chéron.

Je l’observais. Ses chaussures plates donnaient à sa démarche de la solidité, à son corps de l’aplomb et, bien que ses vêtements d’homme la fissent paraître plus petite qu’elle n’était, bien qu’elle eût une main dans la poche, son allure, toute simple, ne manquait pas de fierté. Elle regardait librement à droite et à gauche. C’est la première femme à qui je voyais cet air de curiosité tranquille et de flânerie amusée. Ses traits avaient, sous le béret, de la finesse et de l’accent. Elle m’irritait et me charmait. Je craignais qu’elle ne me trouvât bête et ridicule. Tout au moins, il était visible que