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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/101

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d’endurer une si longue torture. Plusieurs fois on pensa qu’il était mort ; les mouches dévoraient la cire de ses paupières ; mais tout à coup il rouvrait ses yeux sanglants. Le matin du quatrième jour, il chanta d’une voix plus pure que la voix des enfants :

— Dis-nous, Marie, qu’as-tu vu là d’où tu viens ?

Puis il sourit, et dit :

— Les voici, les anges du bon Seigneur ! Ils m’apportent du vin et des fruits. Qu’il est frais le battement de leurs ailes.

Et il expira.

Son visage conservait dans la mort l’expression de l’extase bienheureuse. Les soldats qui gardaient le gibet furent saisis d’admiration. Vivantius, accompagné de quelques-uns de ses frères chrétiens, vint réclamer le corps pour l’ensevelir, parmi les reliques des martyrs, dans la crypte de saint Jean le Baptiste. Et l’Église garda la mémoire vénérée de saint Théodore le Nubien.

Trois ans plus tard, Constantin, vainqueur de Maxence, publia un édit par lequel il assurait la paix aux chrétiens, et désormais les