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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/134

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de la solitude ; viens boire à ces fontaines cachées dans le désert, qui jaillissent jusqu’au ciel. Âme anxieuse, viens posséder enfin ce que tu désirais ! Cœur avide de joie, viens goûter les joies véritables : la pauvreté, le renoncement, l’oubli de soi-même, l’abandon de tout l’être dans le sein de Dieu. Ennemie du Christ et demain sa bien-aimée, viens à lui. Viens ! toi qui cherchais, et tu diras : « J’ai trouvé l’amour ! »

Cependant Thaïs semblait contempler des choses lointaines :

— Moine, demanda-t-elle, si je renonce à mes plaisirs et si je fais pénitence, est-il vrai que je renaîtrai au ciel avec mon corps intact et dans toute sa beauté ?

— Thaïs, je t’apporte la vie éternelle. Crois-moi, car ce que j’annonce est la vérité.

— Et qui me garantit que c’est la vérité ?

— David et les prophètes, l’Écriture et les merveilles dont tu vas être témoin.

— Moine, je voudrais te croire. Car je t’avoue que je n’ai pas trouvé le bonheur en ce monde. Mon sort fut plus beau que celui d’une reine et cependant la vie m’a apporté bien des