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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/144

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amoureux que tu nous amènes ? Il a l’air étrange et sauvage. S’il y avait des pasteurs d’éléphants, assurément ils seraient faits comme lui. Où as-tu trouvé, Thaïs, un si sauvage ami ? Ne serait-ce pas parmi les troglodytes qui vivent sous la terre et qui sont tout barbouillés des fumées du Hadès ?

Mais Philina posant un doigt sur la bouche de Drosé :

— Tais-toi, les mystères de l’amour doivent rester secrets et il est défendu de les connaître. Pour moi, certes, j’aimerais mieux être baisée par la bouche de l’Etna fumant, que par les lèvres de cet homme. Mais notre douce Thaïs, qui est belle et adorable comme les déesses, doit, comme les déesses, exaucer toutes les prières et non pas seulement à notre guise celles des hommes aimables.

— Prenez garde toutes deux ! répondit Thaïs. C’est un mage et un enchanteur. Il entend les paroles prononcées à voix basse et même les pensées. Il vous arrachera le cœur pendant votre sommeil ; il le remplacera par une éponge, et le lendemain, en buvant de l’eau, vous mourrez étouffées !