Page:Anatole France - Thaïs.djvu/217

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rable Albine ! J’apporte à la ruche dont tu es la reine une abeille que j’ai trouvée perdue sur un chemin sans fleurs. Je l’ai prise dans le creux de ma main et réchauffée de mon souffle. Je te la donne.

Et il lui désigna du doigt la comédienne, qui s’agenouilla devant la fille des Césars.

Albine arrêta un moment sur Thaïs son regard perçant, lui ordonna de se relever, la baisa au front, puis, se tournant vers le moine :

— Nous la placerons, dit-elle, parmi les Maries.

Paphnuce lui conta alors par quelles voies Thaïs avait été conduite à la maison du salut et il demanda qu’elle fût d’abord enfermée dans une cellule. L’abbesse y consentit, elle conduisit la pénitente dans une cabane restée vide depuis la mort de la vierge Læta qui l’avait sanctifiée. Il n’y avait dans l’étroite chambre qu’un lit, une table et une cruche, et Thaïs, quand elle posa le pied sur le seuil, fut pénétrée d’une joie infinie.

— Je veux moi-même clore la porte, dit Paphnuce, et poser le sceau que Jésus viendra rompre de ses mains.