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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/251

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flottille. Il mit pied à terre et s’avança accompagné d’un secrétaire, qui portait ses tablettes, et d’Aristée, son médecin, avec qui il aimait à converser.

Une suite nombreuse marchait derrière lui et la berge se remplissait de laticlaves et de costumes militaires. À quelques pas de la colonne, il s’arrêta et se mit à examiner le stylite en s’épongeant le front avec un pan de sa toge. D’un esprit naturellement curieux, il avait beaucoup observé dans ses longs voyages. Il aimait à se souvenir et méditait d’écrire, après l’histoire punique, un livre des choses singulières qu’il avait vues. Il semblait s’intéresser beaucoup au spectacle qui s’offrait à lui.

— Voilà qui est étrange ! disait-il tout suant et soufflant. Et, circonstance digne d’être rapportée, cet homme est mon hôte. Oui, ce moine vint souper chez moi l’an passé ; après quoi il enleva une comédienne.

Et, se tournant vers son secrétaire :

— Note cela, enfant, sur mes tablettes ; ainsi que les dimensions de la colonne, sans oublier la forme du chapiteau.

Puis, s’épongeant le front de nouveau :