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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/254

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ples, mais au contraire en assurer l’observation. Il n’appartient pas au gouvernement d’imposer des croyances ; son devoir est de donner satisfaction à celles qui existent et qui, bonnes ou mauvaises, ont été déterminées par le génie des temps, des lieux et des races. S’il entreprend de les combattre, il se montre révolutionnaire par l’esprit, tyrannique dans ses actes, et il est justement détesté. D’ailleurs, comment s’élever au-dessus des superstitions du vulgaire, sinon en les comprenant et en les tolérant ? Aristée, je suis d’avis qu’on laisse ce néphélococcygien en paix dans les airs, exposé seulement aux offenses des oiseaux. Ce n’est point en le violentant que je prendrai avantage sur lui, mais bien en me rendant compte de ses pensées et de ses croyances.

Il souffla, toussa, posa la main sur l’épaule de son secrétaire :

— Enfant, note que dans certaines sectes chrétiennes, il est recommandable d’enlever des courtisanes et de vivre sur des colonnes. Tu peux ajouter que ces usages supposent le culte des divinités génésiques. Mais, à cet égard, nous devons l’interroger lui-même.