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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/274

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Une femme, dont la bouche effleurait l’oreille du moine, répondit :

— Ami, je ne puis me lever : un homme est couché sur moi.

Tout à coup, Paphnuce s’aperçut que sa joue reposait sur le sein d’une femme. Il reconnut la joueuse de cinnor qui, dégagée à demi, soulevait sa poitrine. Alors il étreignit désespérément cette fleur de chair tiède et parfumée et, consumé du désir de la damnation, il cria :

— Reste, reste, mon ciel !

Mais elle était déjà debout, sur le seuil. Elle riait, et les rayons de la lune argentaient son sourire.

— À quoi bon rester ? disait-elle. L’ombre d’une ombre suffit à un amoureux doué d’une si vive imagination. D’ailleurs, tu as péché. Que te faut-il de plus ? Adieu ! mon amant m’appelle.

Paphnuce pleura dans la nuit et, quand vint l’aube, il exhala une prière plus douce qu’une plainte :

— Jésus, mon Jésus, pourquoi m’abandonnes-tu ? Tu vois le danger où je suis. Viens me secourir, doux Sauveur. Puisque ton