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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/91

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hôtes, et ils auront dans leur partage les tapis de son caravansérail et les grenades de ses jardins.

Ahmès parla plusieurs fois de la sorte et c’est ainsi que Thaïs connut la vérité. Elle admirait et disait :

— Je voudrais bien manger les grenades du bon Seigneur.

Ahmès lui répondait :

— Ceux-là seuls qui sont baptisés en Jésus, goûteront les fruits du ciel.

Et Thaïs demandait à être baptisée. Voyant par là qu’elle espérait en Jésus, l’esclave résolut de l’instruire plus profondément, afin qu’étant baptisée, elle entrât dans l’Église. Et il s’attacha étroitement à elle, comme à sa fille en esprit.

L’enfant, sans cesse repoussée par ses parents injustes, n’avait point de lit sous le toit paternel. Elle couchait dans un coin de l’étable parmi les animaux domestiques. C’est là que, chaque nuit, Ahmès allait la rejoindre en secret.

Il s’approchait doucement de la natte où elle reposait, et puis s’asseyait sur ses talons, les jambes repliées, le buste droit, dans l’attitude