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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/109

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leur migration a dû se faire à peu d’intervalle. Entre les grandes tribus aryennes qui se partagent l’Europe, il est difficile de décider du degré de parenté. Les philologues ont voulu voir un lien plus intime entre les Slaves et les Germains ; mais si, pour la langue, les Slaves semblent un peu plus près de leurs voisins teutoniques, pour le caractère, ils se rapprochent plus des Européens de l’Ouest ou du Sud. Aryens comme nous, les Slaves, de même que les Celtes, les Hellènes, les Latins et les Germains, appartiennent à la branche occidentale, à ce qu’on pourrait appeler la branche européenne des Aryens. Dès les temps les plus reculés, on les trouve établis en Europe sur la Vistule et le Dniepr.

À travers les obscurités de l’histoire, il est difficile de découvrir le type primitif de ces tribus slavonnes. Celtes, Germains ou Slaves, l’antiquité classique confondait tous les peuples étrangers sous le nom de barbares, les peignant des mêmes couleurs, leur attribuant des mœurs analogues, ce qui ferait supposer que ces tribus ne différaient pas autant qu’elles l’ont fait depuis, et conservaient plus de races de leur commune origine. D’après ces descriptions (souvent également applicables aux barbares des races voisines), les anciens Slaves que nous reconnaissons sous les noms d’Antes, de Vendes, de Slovènes, et parfois aussi de Sarmates ou de Scythes, semblent avoir été grands et robustes, avoir eu les yeux gris ou bleus, les cheveux châtains roux ou blonds, traits qui se retrouvent encore souvent chez les Russes[1]. L’archéologie préhistorique ne nous donne pas

  1. C’est peut-être à Pétersbourg, au musée de l’Hermitage, sur les admirables bijoux trouvés dans les tumuli de la Grimée, aux portes l’ancienne capitale du Bosphore cimmérien, qu’il faut chercher le portrait des premiers Slaves de Russie. Là, sur des boucles de ceinture d’or ou sur des coupes d’argent, revivent, après plus de vingt siècles, le cavalier et l’archer Scythes en longues bottes, en pantalon serré, en tunique courte rappelant la blouse ou chemise russe. En dehors des bijoux grecs de Kertch, aussi supérieurs à ceux de Pompéi que l’art d’Athènes le fut à celui de Rome, des figures analogues ornent des joyaux moins fins, découverts dans les