Aller au contenu

Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans ces plaines, point de montagnes, point de vallées. Longeant les contours des plateaux, les fleuves coulent le plus souvent au pied d’une sorte de falaise ; mais ces falaises, que, selon une loi générale, le Dniepr, le Don, le Volga, laissent sur leur rive droite, ne sont d’ordinaire que l’escarpement d’un étage supérieur, aussi uni, aussi plat à son sommet que les plaines basses de l’autre bord, sur lesquelles au printemps les eaux s’étendent à perte de vue. Les rivières et les ruisseaux, qui naissent de la fonte des neiges, creusent le sol sans y former plus de vallées que les grands fleuves. Ils roulent d’habitude au fond de fissures profondes, à pentes abruptes, véritables ravins qu’on n’aperçoit que lorsqu’on est arrivé au bord, et où les villages cherchent un abri contre les vents de la plaine.

L’absence d’arbres est le caractère distinctif de toute cette zone. Dans la partie septentrionale, le déboisement est sans aucun doute le fait de la main de l’homme ; parfois même il est récent, ou, pour mieux dire, contemporain. Plus au Sud, dans les steppes proprement dits, c’est la nature, au contraire, qui en semble responsable. Par le fait du sol ou du climat, faute d’eau surtout ou manque d’abri, ces immenses régions des steppes du Sud sont presque entièrement dépourvues de végétation arborescente. Les seuls arbres qui viennent spontanément se réfugient au fond des ravins qui servent de lit aux ruisseaux. La plaine est souvent recouverte d’une terre fertile, mais peut-être trop meuble, en tout cas trop exposée à tous les souffles de l’air, pour que les arbres y prennent racine, et le sous-sol, généralement crayeux, est peu favorable à la végétation forestière. Ailleurs, c’est un fond imprégné de substances salines, où ne croissent que de maigres touffes d’herbes ; partout, c’est la sécheresse qui fait obstacle à la croissance des bois ; et, par une sorte de cercle vicieux, le déboisement ne fait qu’accroître la sécheresse.

Cette région, traversée par les plus grands fleuves de