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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/515

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proprement dits, effectués entre tous les ayants droit, et la sortie d’un des membres de la famille. Il y a sortie, départ (otkhod) et non partage (razdel), lorsqu’un des membres de la famille, un fils, par exemple, abandonne la maison du vivant de son père pour aller vivre ailleurs à son propre compte. Dans ce cas, le père est libre de ne rien lui donner, de le laisser partir « avec la croix seule » (s odnim krestom), comme dit le peuple. Si la sortie d’un des fils mariés a lieu du consentement du père, le fils au contraire reçoit une portion de l’héritage ou de l’avoir paternel ; mais c’est le père, en qualité de chef de famille, qui détermine l’importance de cette part[1]. Il y a même sortie et non partage, dans une famille gouvernée par le frère aîné, lors-qu’un des cadets non mariés veut s’établir au dehors. S’agit-il au contraire d’un frère marié, c’est-à-dire d’un homme en possession de ses droits, suivant les notions populaires, il y a nécessairement partage. Les partages proprement dits n’ont ainsi lieu que dans les maisons privées de leur chef naturel et composées de plusieurs ména-ges collatéraux, là où il y a plusieurs ayants droit à l’avoir de la famille, plusieurs copropriétaires possédant des titres égaux au bien commun, par exemple, des frères mariés et ayant perdu leur père. Dans ce cas, les biens, meubles ou immeubles, sont divisés en parts égales que souvent on tire au sort, tout comme dans le mir les lots de terres communales. Les petits-fils mariés ont d’ordinaire droit au partage si leur père est mort, car le droit des enfants ne peut habituellement s’exercer qu’après la mort du père.

On voit quel rôle prédominant de pareilles coutumes accordent au père et à l’autorité paternelle, et aussi quelle est, dans ces mœurs rurales, l’importance du mariage qui tient lieu de majorité. Dans la famille, le

  1. Dans la langue populaire, parmi les paysans de Samara au moins, cela, suivant M. Matvéief, s’appelle vydêl ou otdèl, selon que le fils sortant reçoit ou non une part entière de l’avoir de la famille.