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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/547

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Pour remède à ce mal, l’un des plus sérieux qui menacent l’avenir du mir, on a encore offert la panacée habituelle, l’intervention de l’État ; on a proposé d’établir un minimum légal au-dessous duquel ne saurait descendre aucun lot de paysan. De pareilles mesures n’auraient pas seulement contre elles le principe théorique de la communauté, dont chaque membre du mir tient un droit égal à la terre, elles se heurteraient à de grandes difficultés pratiques et triompheraient avec peine de la diversité des conditions locales. Il ne faut pas, du reste, oublier qu’un excessif fractionnement du sol n’est point un défaut propre au régime collectif. Les partages de famille peuvent, sous le régime de la propriété individuelle, amener à des résultats analogues. Nous en voyons quelque chose en Occident, dans certaines régions de la France, par exemple. En Russie même, cet inconvénient ne se rencontre pas uniquement dans les provinces où se sont conservées les communautés de village ; il se retrouve en Lithuanie, où règne la propriété personnelle. Dès qu’on veut que le paysan soit propriétaire, on ne peut éviter le morcellement du sol, pas plus, avec la propriété individuelle et ses partages de succession, qu’avec la propriété collective et ses partages périodiques. À ce point de vue, le régime de la collectivité a même un incontestable avantage : c’est qu’en cas de besoin, il permettrait de recourir à l’exploitation en grand, ce qui, avec les progrès de l’instruction et de l’agriculture, pourrait être aussi favorable à la production du sol qu’aux intérêts des co-propriétaires.



    bles ont produit des effets analogues. Le rapide accroissement de la population a réduit le lot de chaque travailleur à des parcelles encore bien autrement petites qu’en Russie. Là aussi on a demandé de mettre une limite au fractionnement du sol, ou mieux, de substituer, au mode de tenure actuellement en usage, la propriété individuelle et héréditaire. Voyez M. de Laveleye, De la Propriété et de ses formes primitives.