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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 3, Hachette, 1889.djvu/225

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jours portés par les prélats assis sur le siège auquel ils appartiennent. Le gouvernement n’accorde souvent la dignité qu’après plusieurs années d’occupation du poste. L’évêque est promu archevêque, ou l’archevêque métropolite, en récompense de ses services. Ces titres, donnés comme une sorte de grade dans la hiérarchie du tchine, deviennent ainsi une distinction personnelle. Parfois le souverain accorde aux prélats la jouissance des honneurs autrefois réservés au patriarche. Ainsi de Philarète, métropolite de Moscou ; ainsi de son disciple, Monseigneur Isidore, métropolite de Novgorod et Pétersbourg.

Il en est, à quelques égards, du traitement comme du titre ; les évêques sont, par ce double lien, tenus dans la dépendance du pouvoir central. L’allocation du trésor n’est point fixe, ou plutôt elle ne forme que la moindre partie des revenus épiscopaux. À côté du traitement, il y a les secours du Saint-Synode, puis les immeubles ecclésiastiques ou l’indemnité qui les remplace, enfin le casuel et les dons volontaires. Toutes ces ressources constituent des revenus assez élevés, sans être excessifs. Les évêques, les principaux surtout, ont dans la société un haut rang dont, en général, leur mérite les rend dignes. Les choix du Synode et du gouvernement portent presque toujours sur des hommes éclairés, instruits, de mœurs pures. Pour la vertu, la science, l’éloquence, les métropolites de Moscou, les Platon, les Philarète, les Macaire n’auraient pas déparé les plus grands sièges de l’Occident. Aucune chaire de l’Europe, ni Paris, ni Vienne, ni Cantorbéry, n’a été illustrée par une plus remarquable lignée de prélats. On en pourrait dire presque autant de Pétersbourg. À cet égard, les âmes pieuses ne sauraient regretter que la Russie ne soit pas revenue à l’élection des évêques par le concours du clergé et des laïcs. L’accès de l’épiscopat n’est point ouvert par l’intrigue. Il n’en est pas comme en Turquie, où les échelons de la hiérarchie ne sont trop souvent franchis qu’à prix d’argent. Sous le sceptre des tsars orthodoxes,