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Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/22

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Non, ce n’est pas là ce qu’on appelle un salon.

Un salon est une réunion intime, qui dure depuis plusieurs années, où l’on se connaît et se cherche, où l’on a quelque raison d’être heureux de se rencontrer. Les personnes qui reçoivent servent de lien entre celles qui sont invitées, et ce lien est plus intime quand le mérite reconnu d’une femme d’esprit l’a formé ; mais il en faut encore d’autres pour former un salon ; il faut des habitudes, des idées et des goûts semblables ; il faut cette urbanité qui établit vite des rapports, permet de causer avec tous sans être connu, ce qui était jadis une preuve de bonne éducation et d’usage d’un monde où nul n’était admis qu’à la condition d’être digne de se lier avec les plus grands et avec les meilleurs. Cet échange continuel d’idées fait connaître la valeur de chacun ; celui qui apporte plus d’agrément est le plus fêté, sans considération de rang ou de fortune, et l’on est apprécié, je dirais presque aimé, pour ce qu’on a de mérite réel ; le véritable roi de ces espèces de républiques, — c’est l’esprit !

Il y a eu autrefois en France plusieurs salons