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Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/222

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afin d’en obtenir des articles pour ses livres, qui ne se vendaient pas. Le soir, il racontait ses éditions épuisées en vingt-quatre heures ; ses chevaux fatigués par des courses chez des princesses qui l’attendaient, et ses succès en tous genres : c’était le dandy, le lion, le héros à la mode ! Il criait dans l’antichambre : — « Faites avancer, » — et son vieux portier, qui était alors son seul serviteur, le devançait, l’attendait au bas de l’escalier, lui mettait ses socques et lui donnait le bras ; car il était réellement vieux, bien qu’il n’en fît pas semblant. Mais un jour la fortune revint. D’Arlincourt ne lui tint pas rigueur, ne lui reprocha pas son inconstance ; il lui tendit les bras avec une indicible joie ! Une femme riche, qui était en même temps une femme d’esprit, voulut se donner le plaisir de voir un bonheur d’enfant dans le cœur d’un bon et excellent homme, et elle fit partager à d’Arlincourt un luxe qu’il n’avait jamais connu, même au temps de sa première opulence ; elle dut être satisfaite de la naïveté enfantine avec laquelle il accueillit cette fortune nouvelle qui venait le visiter dans ses vieux jours, ce qui est rare. Dire toute la joie du poëte est difficile ; il fallut qu’on