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LES CYGNES SAUVAGES.

elle ne parut pas s’apercevoir qu’ils fussent là ; et quand elle sortit du bain, on put voir trois petits pavots rouges flotter à la surface du miroir de cristal. Si ce n’avaient pas été des reptiles venimeux, et si en outre une sorcière ne les avait pas baisés, ils auraient été changés en belles roses rouges ; tels qu’ils étaient cependant, ils se trouvèrent changés en fleurs rien que pour avoir touché la tête et le cœur d’Elfride. La jolie princesse, voyez-vous, était trop bonne, trop innocente pour que le maléfice pût produire le moindre effet sur elle.

Quand la méchante reine vit cela, elle frotta Elfride par tout le corps avec du jus de noix, jusqu’à ce que sa peau, blanche comme le lis, fût devenue d’un brun sale; elle enduisit en outre son charmant visage d’une mixtion fétide, et embrouilla ses magnifiques et soyeuses boucles de cheveux de manière à ce qu’ils ne formassent plus qu’une touffe aussi confuse que hideuse à voir. Sous cet horrible et effrayant déguisement, il était bien impossible de reconnaître la charmante Elfride.

Aussi son père en l’apercevant déclara-t-il