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Page:Andersen - Contes pour les enfants, trad. Caralp, 1848.djvu/27

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LES CYGNES SAUVAGES.

elle allait. Elle songeait à ses frères, elle songeait au bon Dieu qui veillait sur elle et qui, elle en était sûre, ne l’abandonnerait jamais. Pour lui permettre de satisfaire sa faim, il saurait bien faire croître les pommes sauvages; et en effet ce fut lui qui lui montra alors un arbre, un arbre magnifique, dont les branches venaient toucher la terre tant elles étaient surchargées de fruits. Elle prit là son dîner ; puis, le coeur plein d’une sincère reconnaissance, plaçant des appuis sous les branches de ce bel arbre, elle se remit en marche pour s’enfoncer dans les parties les plus obscures de la forêt. Tout y était si silencieux qu’elle pouvait ouïr le bruit de ses propres pas, et jusqu’au bruissement vague produit par la plus petite feuille qu’il lui arrivât de froisser. On n’apercevait pas un seul oiseau, et pas le moindre rayon du soleil ne parvenait à se glisser à travers la voûte épaisse de verdure qui s’étendait au-dessus de sa tête. Ces grands arbres étaient si pressés les uns contre les autres que, dans quelque direction qu’elle jetât les yeux, elle ne découvrait tout autour d’elle qu’une masse