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Page:Andersen - Contes pour les enfants, trad. Caralp, 1848.djvu/56

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LES CYGNES SAUVAGES.

« Oh ! qu’est-ce que la douleur de mes doigts, pensa-t-elle, en comparaison de l’agonie qu’endure mon cœur ! Il faut, coûte que coûte, que je risque l’aventure. Dans ce moment de pressant besoin, Dieu tout-puissant ne retirera pas sa main secourable de dessus moi ! » Et en proie à d’indicibles angoisses, comme si elle allait commettre quelque mauvaise action, elle se glissa, par le clair de lune, dans le jardin, en franchit les longues avenues pour entrer dans des sentiers déserts, puis se dirigea vers le cimetière. Là, son épouvante fut au comble en apercevant d’horribles sorcières accroupies en cercle, sur l’une des tombes les plus grandes. Il fallait qu’Elfride passât tout à côté de ces affreuses mégères, qui tenaient leurs yeux pleins de malice incessamment fixés sur la pauvre jeune fille. Mais elle se signa, récita mentalement une courte prière, cueillit les piquantes orties avec autant de célérité que possible, puis les rapporta au palais.

Une seule personne s’était aperçue de sa promenade nocturne : c’était le chancelier qui