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Page:Andersen - Contes pour les enfants, trad. Caralp, 1848.djvu/89

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ÉLISE.

antennes en disant : « Comment ! elle n’a que deux jambes ! Oh ! que c’est laid ! » Et elles ajoutaient : « Mais c’est qu’elle n’a pas du tout d’antennes, et elle est aussi maigre de corps qu’un être humain ! Ah ! là, vrai, elle est hideuse à voir ! » et toutes mesdames les jeunes hannetonnes de répéter à l’unisson : « Ah ! elle est tout à fait hideuse ! » Et cependant Élise était si jolie ! C’était bien là aussi ce que pensait le hanneton ; mais à la fin, voyant que toutes les hannetonnes la trouvaient laide, il commença à le croire aussi, et résolut de ne plus s’occuper d’elle. « Qu’elle aille où elle voudra, » dit-il, et en parlant de la sorte il vola vers la terre avec elle et la déposa sur une marguerite. Alors la pauvre petite créature se prit à pleurer amèrement d’être si laide qu’un hanneton lui-même ne voulait plus avoir rien de commun avec elle. Pourtant, malgré l’opinion si tranchante émise par mesdames les hannetonnes, Élise était bien la petite créature la plus aimable, la plus ravissante qu’il y eût au monde, aussi belle, aussi délicate qu’une jeune feuille de rose.