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Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/141

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printanière, rythmée et enchanteresse murmurait. Au-dessus de la ville, plus haut que les murs de la forteresse, on distinguait le pâle halo des lumières électriques.

Serge Golovine poussa un profond soupir, puis il retint son souffle, comme s’il eût regretté de chasser de ses poumons un air si pur et si frais.

— Y a-t-il longtemps qu’il fait beau ? s’informa Werner… C’est le printemps !

— Depuis hier seulement ! répondit-on avec politesse et empressement. Il y a eu beaucoup de jours froids.

L’une après l’autre, les noires voitures arrivaient, prenaient deux personnes et s’en allaient, dans l’obscurité, vers le portail où vacillait une lanterne. Autour de chaque véhicule, se mouvaient les silhouettes grises des soldats ; les sabots de leurs chevaux résonnaient avec force ; souvent, les bêtes glissaient sur la neige mouillée.

Quand Werner se courba pour entrer dans le véhicule, un gendarme lui dit, d’une manière vague :