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Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/150

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que non ! répondit Werner d’un ton grave et pensif.

— C’est ce que je pensais ! J’ai souffert à cause de lui, dans la voiture ; il me semblait que je voyageais à côté d’un mort.

— Je ne sais pas, Moussia. Peut-être la mort existe-t-elle encore pour quelques-uns. Plus tard, elle n’existera plus du tout. Pour moi, par exemple, la mort a existé, mais maintenant elle n’existe plus.

Les joues un peu pâlies de Moussia s’enflammèrent :

— Elle a existé pour toi, Werner ? Pour toi ?

— Oui, mais plus maintenant. Comme pour toi !

On entendit du bruit à la porte du wagon ; Michka le Tzigane entra en crachant, en respirant bruyamment, en faisant résonner avec force les talons de ses bottes. Il jeta un regard autour de lui et s’arrêta :

— Il n’y a plus de place, gendarme ! déclara-t-il au gendarme fatigué et irrité. Fais-moi voyager confortablement, sinon je n’irai