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LA VIE D’UN POPE

— J’ai peur de la mort !

Ils se regardèrent en silence.

— La mort !… elle est à nos portes !… une mort insensée, qui ne sait plus raisonner,… qui prend au hasard ! Ainsi, moi, excusez… est-ce que mes poules se permettent de trépasser sans raison ? Si j’ordonne de leur faire couper le cou pour le « chtchi »[1], alors, qu’elles crèvent, c’est dans l’ordre…, mais autrement, qu’est-ce que cela veut dire… ? Est-ce une façon de faire ?… Excusez-moi, je n’avais pas deviné tout de suite, mais maintenant… !

— Vous voulez parler de Sémione ?

— Et de qui donc ? de Sidor et d’Evstigniéi ?… et quant à toi… (le marguillier divaguait de fureur et d’effroi, et devenait grossier), et quant à toi…, laisse là ces pratiques…, il n’y a pas d’imbéciles ici ; va-t’en, en tout bien tout honneur !… Va-t’en !

Il fit un signe de tête énergique dans la direction de la porte, et ajouta :

— Et vivement !

  1. Sorte de soupe aux choux.